De Maurice aux Maldives, Priscilla Guranna, Cluster Director of Marketing pour deux établissements de luxe, incarne l'excellence touristique mauricienne à l'international. Son parcours – Cathay Tours, Four Seasons, Kempinski – témoigne d'une quête constante d'innovation dans l'expérience client. L'expatriation, malgré l'attachement à son île, lui a révélé son plein potentiel. Portant haut les valeurs mauriciennes – chaleur humaine et service impeccable – elle considère le tourisme comme l'art de créer des émotions, non de vendre des destinations.
Pour cette spécialiste du marketing, l'équilibre entre tradition et innovation constitue la clé du luxe contemporain. « Dans un secteur ultra-compétitif, nous devons nous démarquer sans compromettre nos valeurs fondamentales », affirme-t-elle. Aux Maldives, où les grandes marques internationales se disputent une clientèle exigeante, elle cultive l'authenticité locale tout en embrassant la digitalisation. Cette approche, nourrie par son expérience mauricienne, valorise l'identité culturelle comme différenciateur stratégique, transformant chaque séjour en une expérience immersive unique.
Pourquoi avoir choisi le tourisme ?
Après mes études secondaires, j'ai ressenti le besoin de m'orienter vers une carrière différente, loin des chemins traditionnels. Le secteur du tourisme m'a attirée par sa promesse d'aventure et de découverte. Plonger dans cet univers, autrefois étranger, a éveillé ma curiosité. Aujourd'hui, je suis comblée par ce choix enrichissant et je ne changerais mon métier pour rien au monde.
En quoi consiste votre métier ?
Mon métier est aujourd'hui axé sur la stratégie, essentielle dans un secteur ultra-compétitif. Se démarquer par l'innovation et l'authenticité est primordial. Cela guide toutes nos actions marketing et relations publiques, en constante évolution. L'humain étant au cœur de mon travail, cela le rend fascinant et toujours enrichissant.
Quelle formation avez-vous suivie ?
J'ai suivi une formation en Tourisme Management à l'École Hôtelière de Maurice, validée par l'ESTHUA de l'Université d'Angers. Cette formation m'a ouvert les portes vers diverses spécialisations dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie. Tout au long de ma carrière, j'ai eu l'opportunité de me perfectionner à chaque étape, notamment en travaillant pour des groupes internationaux qui ont leur propre culture de formation.
Dans un monde de plus en plus digitalisé, il est essentiel de continuer à évoluer pour répondre aux attentes de notre clientèle. Bien que la maîtrise des aspects techniques soit cruciale, il est tout aussi important de développer des compétences telles que l'empathie et la résilience. La pandémie de Covid-19 nous a en effet rappelé l'importance de s'adapter à des situations imprévisibles, soulignant ainsi le rôle crucial de l'apprentissage des compétences interpersonnelles, ou soft skills, qui sont devenues essentielles dans notre monde en constante évolution.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Mon parcours professionnel a été jalonné d'opportunités, chacune contribuant à façonner mon activité professionnelle. J'ai commencé ma carrière chez Cathay Tours, l'agence de voyages, où j'ai acquis une expertise en billetterie et en voyages outbound. J'ai ensuite rejoint White Sand Tours, DMC, alors sous l'égide du groupe IBL, où j'ai eu l'opportunité de me spécialiser dans la gestion des groupes et des incentives, à une époque où l'île Maurice s'imposait comme une destination phare pour le segment MICE. Après sept ans à explorer les différentes facettes du tourisme mauricien, j'ai intégré le monde de l'hôtellerie de luxe en rejoignant le Four Seasons, où j'ai passé huit ans au sein des équipes Ventes et Marketing. Mon rôle s'est notamment concentré sur le segment golfique, en pleine expansion à Maurice à cette période.
Par la suite, mon parcours m'a conduite au siège de Sun Resorts (désormais Sunlife), où j'ai élargi mes responsabilités. J'ai ensuite rejoint Rogers Hospitality, en charge de la marque Heritage Resorts, avec un accent fort sur le développement du tourisme durable dans la région de Bel Ombre. Mon aventure s'est poursuivie aux Seychelles, au sein du groupe Kempinski, la plus ancienne marque dans le luxe en Europe, où j'ai participé activement au repositionnement de l'établissement après une importante rénovation, et ce, pendant deux années.
Aujourd'hui, depuis un an et demi, j'ai le privilège de superviser deux hôtels insulaires aux Maldives, contribuant à l'essor d'un groupe local innovant et engagé dans l'évolution de l'industrie touristique. Chaque étape de ce parcours a été une opportunité de grandir, d'apprendre, et de repousser mes limites – tant sur le plan professionnel que personnel.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l'exercice de votre métier ?
Dans le secteur du tourisme, les défis sont nombreux. L'évolution rapide des comportements des clients exige une adaptation constante sans compromettre nos valeurs fondamentales. La concurrence, notamment aux Maldives, est intense avec la présence de quasiment toutes les grandes marques internationales. De plus, les voyageurs recherchent des expériences immersives, rendant nécessaire une compréhension approfondie de leurs motivations. Cette dynamique impose une course permanente pour se démarquer tout en préservant notre identité.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait embrasser une carrière dans votre spécialité ?
De foncer avec détermination et de rester curieux. Gardez un esprit ouvert, car chaque jour apporte son lot de surprises. Bien que ce métier ne soit pas facile, il est incroyablement gratifiant, puisque nous avons la chance d'exercer un métier dont la mission est de rendre les gens heureux. Quelle meilleure motivation que celle-ci ?
Pourquoi avoir choisi de vous expatrier ?
Malgré une carrière épanouissante à Maurice, où j'ai eu l'opportunité de travailler sur des projets marquants, je ne voulais pas me contenter de mes succès. Mon désir de me dépasser et d'explorer des environnements variés m'a poussée à franchir le pas. Cette décision a été déterminante pour ma croissance, me permettant d'acquérir de nouvelles perspectives et de relever des défis passionnants.
Est-il facile de vivre et de travailler à l'étranger ? Comment s'est passée votre adaptation à un nouvel environnement culturel et au style comportemental du pays d'accueil ?
Ça a été une expérience passionnante pour moi. Je m'adapte facilement, ce qui a facilité mon intégration. J'aborde chaque nouveau pays avec un esprit ouvert et sans a priori, ce qui m'a permis de découvrir et de comprendre les cultures locales. Dans notre métier, cette curiosité est essentielle pour intégrer ces éléments culturels dans nos actions marketing, rendant ainsi notre travail plus pertinent et impactant.
Quel est le sacrifice le plus important que vous avez dû faire pour vivre votre métier à l'étranger ?
D'avoir quitté ma merveilleuse vie à Maurice ! La qualité de vie qu'on a à Maurice est tout simplement exceptionnelle. La douceur de vivre et la richesse de notre culture sont inégalables.
Pourquoi est-ce que le savoir-faire mauricien s'exporte aussi bien ?
C'est grâce à notre éthique de travail exemplaire et notre engagement. Bilingues, chaleureux et passionnés, nous valorisons la qualité et l'hospitalité, des atouts inestimables, surtout dans l'hôtellerie de luxe. Le sourire mauricien crée une véritable connexion et charme à l'international.
Reviendrez-vous partager votre expérience au pays ?
Absolument ! Mon séjour à l'étranger a été révélateur et enrichissant. J'en ressors avec une nouvelle perspective et de nouvelles compétences. Je serais ravie de revenir et de partager mon expérience, tout en contribuant au développement du pays qui m'a tant donné. C'est un engagement qui me tient à cœur.
Quelle a été votre plus grande satisfaction professionnelle ?
La passion qui m'anime depuis 25 ans ! Chaque jour, je suis émerveillée par les rencontres avec des clients inspirants et par la complicité tissée avec mes collègues. Ce parcours m'a ouvert des portes vers des horizons insoupçonnés, et je suis profondément reconnaissante pour chaque moment partagé et chaque leçon apprise.
Quel regard portez-vous sur l'industrie touristique mauricienne ?
L'île Maurice a su diversifier son offre touristique pour satisfaire une clientèle variée. Pour rester compétitifs, il est crucial de s'adapter aux tendances mondiales et aux attentes des voyageurs modernes. L'innovation, la durabilité et des expériences personnalisées sont essentielles pour assurer la croissance du secteur. En réinventant les offres, en privilégiant des expériences authentiques et durables, et en tirant parti de la technologie, l'île Maurice peut transformer chaque visite en un voyage significatif.
Si vous deviez choisir un slogan pour l'île Maurice ?
Live the Spirit of Mauritius
Une bonne idée que l'on pourrait appliquer au monde du travail mauricien que vous avez retenue lors de votre expatriation ?
Notre île est déjà en avance sur son temps, ayant su réagir rapidement et s'adapter aux nouvelles tendances du monde du travail, avec un accent particulier sur l'efficacité. En revanche, aux Seychelles et aux Maldives, le modèle de travail est très différent. Ici, la cohabitation avec les collègues sur le lieu de travail favorise des activités qui privilégient l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui est intéressé par les métiers du tourisme ?
Il faut être passionné par les gens, la culture et l'envie de créer des moments inoubliables. Le tourisme est plus qu'un métier, c'est une vocation. N'oubliez pas que dans le tourisme, vous ne vendez pas seulement un lieu, mais vous offrez une émotion. Nous créons des expériences mémorables dont les gens se souviendront toute leur vie.
Quel est votre but professionnel ultime ?
J'adore le Marketing ! C'est un pilier dynamique qui évolue sans cesse et le secteur hôtelier a toujours besoin d'innovation. Mon objectif est de continuer à m'épanouir dans ce que je fais, de rester enthousiaste face aux nouveaux projets et d'apporter ma touche personnelle pour enrichir l'expérience des clients.
Qu'est-ce qui vous manque le plus de l'île Maurice ?
Le sentiment d'être "à la maison", d'être chez soi. Et puis, il y a ces petits bonheurs comme un bon "mine bouillie" ou un dhall-puri avec un morceau de The Prophecy.
Auriez-vous pu atteindre votre plein potentiel si vous étiez restée à Maurice ?
Malheureusement, non. L'une des grandes leçons de mon expérience à l'étranger a été de réaliser que nous avons souvent tendance à sous-estimer nos propres capacités. Dans un environnement professionnel compétitif, le travail et le mérite sont davantage valorisés et les opportunités d'évolution sont plus accessibles.
Quel est le mot ou la phrase mauricienne qui vous fait garder le moral ?
Tou Korek !