À travers « Coquille Bonheur », entreprise pionnière du tourisme responsable à l’île Maurice, il a façonné une approche à contre-courant des tendances industrielles. Dans un monde où le "all-inclusive" règne en maître, Lefèvre a choisi la voie de l'authenticité et de l'engagement communautaire, celle des prestations sur-mesure qui racontent une histoire tout en contribuant au développement local.
Son credo ? « Le voyage ne peut être une simple marchandise standardisée, mais doit devenir un vecteur de développement durable ». Chaque circuit qu'il dessine est une partition unique, où les rencontres avec les populations locales, la découverte des traditions et l'immersion culturelle prennent le pas le tourisme aseptisé ambiant. Bien avant que le tourisme durable ne devienne un buzzword, il en avait fait sa philosophie de vie.
Sa philosophie ? « Le véritable luxe réside dans l'authenticité de l'expérience et dans sa capacité à enrichir la vie des communautés locales. »
Pourfendeur infatigable du tourisme standardisé, Christian Lefèvre a formé toute une génération de professionnels – à Maurice, mais aussi aux Seychelles, aux Comores et au Zimbabwe - à sa vision exigeante du voyage responsable. Pour lui, chaque client est unique, chaque demande mérite une réponse personnalisée, et chaque projet touristique doit contribuer au développement local. « Il faut œuvrer dans le sens d’un partenariat pluriel et fécond entre tous les acteurs en faveur d'un tourisme de communauté, équitable et durable dans le temps. ».
Quand il se penche sur l’évolution du tourisme à Maurice, il est sans appel : « La tendance depuis une dizaine d'années se pointe vers le haut avec beaucoup plus d'attractivité vers le tourisme durable. Notre industrie n'a pas suivi et n'a pas connu de réel impact de transformation vers le partage des valeurs qui correspond mieux à la vision du monde responsable. L'île Maurice a le potentiel pour devenir une destination touristique unique. Unique par la qualité de ses hôtels, unique par la diversité de son offre, son approche durable et la qualité de son accueil. ».
Expériences locales
La solution, ou une des solutions les plus probantes, est, selon Christian Lefèvre, évidente. « Offrons à nos partenaires privilégiés un choix d'hôtels plus humain, local et authentique et encourageons les clients à découvrir des paysages majestueux et une diversité naturelle et culturelle sans précédent en s'engageant dans des expériences locales.Le contenu du voyage dans son ensemble reste bien le même, c'est la manière de faire du tourisme qui a changé. Notre approche est largement dépassée. Il faut évoluer. Rapidement ».
Il met en garde contre une approche uniquement fondée sur les prix : « Ce n'est pas en brassant du volume qu'on va donner de la qualité. Il faut se méfier d’une stratégie uniquement construite sur l’opportunité tarifaire »
Quarante années à tisser des liens, à créer des ponts entre les cultures, à transformer de simples séjours en aventures mémorables tout en œuvrant pour le développement durable des régions qu'il aime tant. « Coquille Bonheur », sous sa direction, est devenue un modèle de tourisme responsable, prouvant qu'il est possible d'allier excellence du service et engagement social.
Son héritage ? Une conception du voyage qui privilégie la rencontre à la consommation, l'authentique au standardisé, l'humain à l'industriel, et surtout, une vision pionnière du tourisme comme vecteur de développement durable. A Maurice et dans l'océan Indien, son nom est synonyme d'excellence, de sur-mesure et d'engagement communautaire, une référence pour tous ceux qui croient que le tourisme peut être une force de changement positif.
Ce n'est pas un langage de façade qu'il déploie, mais celui d'un homme qui a compris que le véritable luxe réside désormais dans l'équilibre entre développement et préservation. Un équilibriste du tourisme moderne, en somme.« Les petites entreprises locales ne sont pas les figurants mais les acteurs principaux d'une pièce qui se joue à guichets fermés », rappelle-t-il, soulignant ainsi sa conviction profonde que le tourisme de demain sera communautaire, équitable et durable.
Jean-Joseph Permal