La reprise touristique, plus vigoureuse qu'escomptée, conjuguée à un vivier local qui s'étiole inexorablement, rend cette évolution mathématiquement inéluctable. Comment pourrait-il en être autrement ? Les jeunes Mauriciens, séduits par des horizons professionnels jugés plus prometteurs, désertent progressivement l'industrie hôtelière, et ce malgré les efforts consentis sur le plan salarial. Ce phénomène, loin d'être une singularité locale, s'observe dans nombre d'économies insulaires confrontées aux mêmes défis.
L'enjeu fondamental n'est donc plus de s'épuiser en débats stériles sur la nécessité de cette main-d'œuvre internationale, mais bien de garantir son intégration harmonieuse dans notre tissu économique et social. Comment ces talents venus d'ailleurs sont-ils accueillis, formés et considérés ? C'est sur ce terrain éminemment concret que se jouera l'avenir d'un secteur vital pour notre économie nationale.
En parallèle, l'hôtellerie mauricienne se doit impérativement de réinventer son approche de la formation. L'alternance, parent pauvre de notre système éducatif, constitue une voie royale insuffisamment explorée pour revaloriser les carrières hôtelières auprès d'une jeunesse en quête de sens. Une collaboration plus étroite entre établissements de formation et employeurs s'impose comme une évidence pour mettre en adéquation l'offre éducative avec les réalités d'un marché en perpétuelle mutation.
Plutôt que de s'engager dans une concurrence aussi vaine qu'épuisante avec les compagnies de croisière, nos hôteliers auraient tout intérêt à nouer des partenariats stratégiques avec ces acteurs incontournables, créant ainsi des passerelles professionnelles bénéfiques aux deux secteurs. Cette vision partenariale, encore embryonnaire, mérite d'être encouragée par nos pouvoirs publics.
Notre industrie touristique se trouve aujourd'hui à un carrefour décisif de son histoire. Son avenir dépendra largement de sa capacité à transmuter ces défis en opportunités fécondes, en faisant des travailleurs étrangers non pas un pis-aller temporaire, mais un authentique levier de croissance et d'innovation pour un tourisme mauricien qui se veut à la hauteur de sa réputation d'excellence.
Jean-Joseph PERMAL