Pourquoi avoir choisi le tourisme ?
Le tourisme est un secteur d’activité très dynamique qui m’a toujours passionné. Etant quelqu’un de polyvalent, qui aime la diversité et les défis, ce secteur m’aide à mettre en avant mes compétences et talents. En tant qu’hôtelier, chaque journée est différente par rapport à des situations et les gens que je croise. Cela demande beaucoup de créativité que ce soit pour élaborer un menu, organiser des évènements ou même trouver des solutions à des imprévus. Travailler dans ce domaine m’a offert des d’opportunités de voyager et d’explorer de nouveaux territoires et de m’intégrer dans d’autre cultures tout en étant un ambassadeur de mon pays.
En quoi consiste votre métier ?
Mon métier c’est de gérer tout le pôle restauration de l’hôtel incluant les bars, restaurants, les in-room dinning, et j’aide dans le service des autres évènements. Je gère les commandes tout en assurant la qualité et que les clients soient bien servis. Je suis toujours présent dans les restaurants pour assurer une bonne ambiance, principalement durant les heures de pointes.
Il y a aussi le côté administratif comme travailler sur le budget du mois, élaborer les menus et les tarifs pour les restaurants, chercher de bons fournisseurs et effectuer des achats. Je travaille avec une grande équipe donc le planning et la coordination pour chaque semaine est important. Je suis aussi chargé du recrutement pour la restauration et de guider et coacher mon équipe.
Quelle formation avez-vous suivie ?
Je suis titulaire d’un diplôme en « Tourism management » de L’Université de Maurice et je suis aussi un Certified Hospitality Trainer (CHT) du American Hotel & Lodging Educational Institute (AHLEI)
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai commencé mon parcours en tant que stagiaire à Labourdonnais Waterfront Hotel et j’ai poursuivi mes études tertiaires en parallèle. Ça m’a aidé à acquérir le savoir-faire and la base du métier de l’hôtellerie. Après mes études, j’ai rejoint l’hôtel de Shanti Maurice en tant que Management in training (MIT) dans la filière de « training and quality ». J’ai aussi travaillé en tant que Duty Manager à l’hôtel Shanti Maurice. Le tournant dans ma carrière a été quand j’ai rejoint l’hôtel Four Seasons en tant que « Assistant Learning and Development Manager » et après 1 ans j’ai été promu pour le poste de Manager of Learning and Development. J’ai eu l’opportunité de travailler aux côtés de Lindley Thomen, mon mentor, sur les stratégies et les projets de l’hôtel, de mettre en place des trainings pour différents départements, d’implémenter le Four Seasons mobile Application à Maurice et de diriger le LQA et Forbes standard pour la restauration. J’ai été nommé en tant que Certified Taskforce pour la région EMEA et j’ai aidé pour l’ouverture des hôtels et des projets de Four Seasons en Grèce, à Dubaï, Abu Dhabi, et aux Seychelles.
À la suite de l’impact du COVID sur le secteur du tourisme à Maurice, j’ai dû explorer d’autre horizons et je me suis expatrié à Abu Dhabi pendant environ deux ans où j’ai rejoint l’hôtel « Conrad Abu Dhabi Etihad Towers » en tant que « Director of Learning and Development ». C’était un parcours enrichissant, de travailler sur de nouveaux projets et d’élargir mon expérience professionnelle et personnelle. Vu ma passion pour la restauration et la gestion de l’hôtel, j’ai redirigé ma carrière et rejoint le pre-opening team de Waldorf Astoria Platte Island Seychelles en tant que « Associate Director of Food & Beverages » depuis un an maintenant – Une expérience différente de ce que j’ai vécu vu que l’hôtel est situé sur une île isolée.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l'exercice de votre métier ?
Pour moi, la réputation de l’hôtel repose sur la satisfaction des clients. Chaque client a ses attentes et il faut réaliser qu’il paye une somme pour venir profiter du luxe. J’essaie toujours de maintenir un niveau de standard dans le service offert. Ça demande aussi de la créativité pour être compétitif et attirer des clients et même « going the extra mile » dans certains cas. L’hôtellerie est constituée de différents départements et c’est primordial qu’il y ait une bonne entente et coordination pour gérer des situations de crise. En travaillant avec une équipe diversifiée, cela demande de la compréhension et de l’empathie. Les personnes de mon équipe ont chacune leur propre personnalité donc j’essaie tout le temps d’être ouvert à parler pour garder une harmonie au sein de l’équipe.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait embrasser une carrière dans votre spécialité ?
Pour les personnes qui souhaitent débuter leur carrière dans l’hôtellerie, c’est important de bien choisir une formation pour mieux viser le métier qui vont leur correspondre. Lorsqu’on parle de l’hôtellerie, ce n’est pas que la restauration mais aussi l’entretien ménager, maintenance, responsable du marketing et sales et le front office. Les études n’aident pas seulement à mieux comprendre la base du métier mais aussi à gravir les échelons et prendre des positions de management. Un minimum d’expérience est demandé maintenant, alors des petits stages ou boulots pour être à l’aise dans le domaine sont importants. Même si l’expérience est enrichissante, le domaine du tourisme reste exigeant et quelquefois ça demande de longues heures de travail. Pour pouvoir réussir et atteindre ses objectifs, il faut aussi se démarquer et développer des compétences uniques. En tant qu’hôtelier, on est quotidiennement en contact avec des clients, par conséquent, il faut avoir des capacités relationnelles très développées, pouvoir s’adapter et garder son sang-froid dans des situations, être dynamique et polyvalent et aussi avoir un bon esprit d’équipe. Je conseillerais aussi aux personnes qui démarrent leur parcours professionnel dans l’hôtellerie d’être patient parce que même si c’est difficile au début, prenez le temps d’apprendre et d’acquérir de l’expérience et vous serez récompensés pour votre dur labeur.
Pourquoi avoir choisi de vous expatrier ?
L’expatriation n’est pas qu’un déménagement mais c’est un chemin semé d’embuches, d’opportunités et de nouvelles rencontres mais aussi de se plonger dans un univers méconnu. La raison principale de mon expatriation c’est d’élargir mon expérience et grandir professionnellement et personnellement. Travailler à l’étranger n’implique pas seulement d’évoluer dans un contexte multiculturel comme c’était le cas à Abu Dhabi ou j’ai côtoyé des gens de différentes régions du monde, mais aussi de renforcir mes compétences et de développer un réseau professionnel. C’est aussi très connu qu’une carrière internationale est valorisée à l’échelle mondiale auprès des employeurs. Mon parcours à l’étranger m’a aidé à prendre plus de responsabilités sur le niveau managérial, de démontrer ma capacité d’adaptation et d’être plus flexible, d’acquérir le savoir-faire international du métier, relever des défis uniques, et aussi d’approfondir mon expérience du côté de la restauration. C’est aussi une belle expérience personnelle où j’ai rencontré de nouvelles personnes avec qui je garde toujours contact, d’être plus indépendant et de découvrir un monde en dehors de l’île Maurice.
Est-il facile de vivre et de travailler à l’étranger ? Comment s’est passée votre adaptation à un nouvel environnement culturel et au style comportemental de votre pays d’accueil ?
Pour pouvoir vivre et travailler à l’étranger, j’ai dû m’adapter à un nouvel environnement, être patient et m’intégrer dans une autre culture. Afin de franchir cette étape, il est important d’avoir une ouverture d’esprit et d’être flexible. Chaque pays a ses convictions, valeurs, croyances et religions qui sont crucial de respecter. J’ai travaillé dans deux pays différents et j’ai dû m’adapter à deux cultures totalement opposées. À Abu Dhabi, la méthode de communication était un peu plus compliquée vu que je travaillais avec des expatriés de différentes régions du monde – j’ai dû apprendre différentes langues et des jargons populaires locaux. Cependant, étant bilingue, c’était plus facile de m’exprimer avec mes clients. Il y a aussi des défis logistiques aux Seychelles auxquels je fais face étant donné que je travaille sur une ile isolée – c’est moins de voyages à Maurice pour pouvoir profiter du temps avec ma famille. Ce que je trouve génial à l’étranger en revanche, c’est toujours la solidarité des Mauriciens – j’ai une bonne communauté de Mauriciens qui m’aide vraiment à me sentir mieux quand je suis loin de l’île Maurice.
Quel est le sacrifice le plus important que vous avez dû faire pour vivre votre métier à l’étranger ?
Le plus gros défi pour moi c’est de vivre loin de ma famille, mon chien et mes amis. On parle très souvent d’expatriation à Maurice, même si l’expérience est enrichissante et nous pousse à grandir et à être plus indépendant, il y a beaucoup de moments de solitude. Mais j’ai la chance d’avoir le support de ma famille.
Pourquoi est-ce que le savoir-faire mauricien s’exporte aussi bien ?
Ayant travaillé à l’étranger, je pense que l’hospitalité mauricienne est unique et charmante. Les Mauriciens sont aussi connus pour leur créativité et d’être des bosseurs, ce qui explique la demande. On a aussi la chance de vivre dans un pays diversifié qui nous aide à mieux s’adapter et communiquer vu qu’on est bilingue.
Reviendrez-vous partager votre expérience au pays ?
Mon but c’est de revenir à Maurice pour partager l’expérience que j’ai acquise à l’étranger ces dernières années.
Quelle a été votre plus grande satisfaction professionnelle ?
Pendant mon parcours professionnel, j’ai eu la chance de guider et d’encadrer beaucoup de jeunes qui débutaient leurs carrières dans le tourisme et qui ont gravi les échelons aujourd’hui à Maurice et même à l’étranger. Sur un plan plus personnel, je dirais de n’avoir jamais baissé les bras et persévéré pour atteindre mes objectifs.
Quel regard portez-vous sur l’industrie touristique mauricienne ?
L’industrie touristique à Maurice a beaucoup évolué depuis des années et c’est un marché qui est très sollicité. On peut voir qu’après le COVID, il y a eu un afflux de touristes. J’ai même beaucoup de clients qui parlent de la beauté de l’île Maurice et qui souhaitent visiter. Cependant, tout dernièrement, je constate que l’hôtellerie mauricienne sollicite pas mal d’étrangers pour venir travailler et je pense que ça peut affecter l’hospitalité de Maurice. Il faut donc créer plus d’opportunités et donner des avantages aux jeunes qui souhaitent travailler dans le tourisme.
Si vous deviez choisir un slogan pour l’île Maurice ?
« An idyllic island with genuine hospitality »
Une bonne idée que l’on pourrait appliquer au monde du travail mauricien que vous avez retenue lors de votre expatriation ?
Je pense que de nos jours, les employés valorisent un environnement sain mais aussi rempli d’opportunités. Il faut mettre en place des formations pour créer du talent et renforcer les compétences des employés. Encourager les employés à sortir de leur zone de confort et créer des leaders de demain qui dirigeront le secteur du tourisme à Maurice.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui est intéressé par les métiers du tourisme ?
Les métiers dans le tourisme exigent une discipline. Il faut être motivé, passionné, patient et persévérant. C’est également important de se connecter avec des gens qui sont déjà dans le domaine pour mieux comprendre les rouages de ce secteur d’activité.
Quel est votre but professionnel ultime ?
J’ai récemment eu la chance d’être plus exposé à la restauration et je compte continuer dans cette voie tout en guidant d’autres passionnés de l’hôtellerie.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de l’île Maurice ?
Les bons plats fait maison (qui sont uniques), « 1 bon ti mine bouille boulette », et les belles plages de l’île Maurice.
Auriez-vous pu atteindre votre plein potentiel si vous étiez resté à Maurice ?
Le secteur de l’hôtellerie à Maurice m’a offert beaucoup d’opportunités de grandissement et de développer mes compétences et d’élargir mon savoir-faire, ce qui m’a aidé à l’étranger. Cependant être exposé à des expériences internationales m’a donné différentes façons de gérer des situations et d’être beaucoup plus confiant pour atteindre mes objectifs présents.
Quel est le mot ou la phrase mauricienne qui vous fait garder le moral ?
Deux citations pour me motiver au quotidien :
« Fo travay pou gagn son pain » – De la chanson « La rivière tanier » et une autre pas forcément mauricienne mais que j’aime « Après la pluie, vient toujours le beau temps ».