L'inspection récente menée par les autorités a révélé l'ampleur du désastre : structures en béton érigées sans autorisation, plus d'une vingtaine de cabanes en bois abandonnées, fûts métalliques rouillés débordant de charbon consumé, et une plage victime d'une érosion galopante. Le tableau est consternant. "Ce que nous avons découvert dépasse l'entendement", a déclaré le ministre du Logement et des Terres, Shakeel Mohamed, visiblement choqué lors de sa visite du 5 mars. Accompagné de la Junior Minister Véronique Leu-Govind et des députés locaux, il a pu constater de visu les ravages causés par des années de laisser-faire.
Des pratiques insalubres alarmantes
L'état sanitaire de l'île est tout aussi préoccupant. Une table recouverte d'écailles de poisson en décomposition dégage une puanteur pestilentielle, ignorée par tous. Des déchets s'amoncellent sans aucune gestion, tandis que la préparation d'aliments s'effectue dans des conditions d'hygiène déplorables.
Lorsque le ministre a questionné une plaisancière sur ses méthodes de conservation des denrées, les réponses obtenues ont révélé un mépris total des normes élémentaires de sécurité alimentaire. Une situation qui expose quotidiennement des centaines de touristes à des risques sanitaires majeurs.
Face à cette situation alarmante, le gouvernement frappe désormais du poing sur la table. Un avis publié le 18 février en vertu du State Lands Act exige le démantèlement immédiat de toutes les installations illégales dans un délai de sept jours. "La tolérance zéro est désormais la règle", a martelé Shakeel Mohamed.
Les contrôles se multiplient. Le ministre lui-même a interrogé plusieurs commerçants qui, pris de court, ont été incapables de présenter le moindre permis d'exploitation. Cette impunité appartient désormais au passé.
Près de 5 000 personnes tirent leur subsistance des activités sur l'île, qui accueille chaque jour plus d'un millier de visiteurs. Un modèle économique actuellement en sursis.
La solution temporaire proposée est drastique : aucune structure permanente ne sera plus tolérée. Les commerçants devront transporter quotidiennement leur matériel et le remporter chaque soir, avec une obligation stricte de gestion des déchets. Une mesure d'urgence en attendant l'élaboration d'un cadre réglementaire contraignant.
La dernière chance pour un écosystème en péril
Les ministères concernés préparent actuellement des réglementations sévères pour enrayer la catastrophe écologique en cours. L'érosion avancée des plages témoigne de la fragilité d'un écosystème au bord de l'effondrement.
"Nous n'avons plus le luxe d'attendre", affirme un officier du ministère de l'Environnement . "Si nous n'agissons pas maintenant avec la plus grande fermeté, l'île aux Bénitiers pourrait devenir le symbole de notre échec collectif à protéger notre patrimoine naturel."
L'heure n'est plus aux demi-mesures. Entre développement économique et préservation environnementale, le choix est désormais clair : sauver l'île aux Bénitiers exige des actions immédiates et radicales. La survie de ce trésor insulaire en dépend.