Mais, là encore, les grands avaient raison. N’est-ce pas Charlie Chaplin qui disait que « le rire est le chemin le plus direct entre deux personnes."
L’équipe de Miselaine Duval connaît ce chemin, chargeant Didier Anthony de faire le pont entre la troupe et le public. Si Didier « emprunte » un peu à Jamel Debbouze, il sait quand même se débrouiller derrière un micro. Distillant des répliques qui font mouche, et fait éclater de rire le public. Et c’était comme si tout Rivière Noire s’était donné rendez-vous pour cette grande messe du rire, qui faisait feu de tout bois.
Berthie Prosper, un ancien de l’animation dans le circuit hôtelier, cultive une certaine ressemblance avec Fernandel. S’inspirant même du sketch de Fernand Contandin sur Félicie. Mais Berthie nous parle d’une Rita, qui a des poils sous les bras, voire même sur d’autres parties de son corps. « To pe resanble Mouna », s’écrie Berthie. Mais puisque l’homme descend du singe, l’intoxication humoristique est encore plus « vicieuse » quand on sait que le comédien nous parle de cette Rita, sur l’air d’un tube de Frédéric François !
Sur prescription de cet humoriste, le public prend donc ce médicament de bon cœur. Berthy Prosper a la rondeur d’un Raymond Devos, et il doit cultiver cette apparence et y ajouter la verve intellectuelle du défunt humoriste. Berthie est, en tout cas, un « poids-lourd » de l’humour mauricien. Avec ses kilos de chair qui se voient sur scène !
Didier Anthony faisait, lui, découvrir cette citation de Victor Borge : »Le rire est la plus courte distance entre les gens. ».Avec son bagoût, il se promène dans l’assistance, et c’est Rivière Noire qui se tord de rire. Ces comédiens, dont Mamie Kloun, qui porte robe et fichu sur la tête, ne met malheureusement pas assez en valeur ce personnage de vieille femme. Mais au travers de leurs sketchs, Berthie Prosper et Mamie Kloun combattent aussi les préjugés par le rire, en riant de leur graisse et en faisant des Seniors des intellectuels.
Entrecoupé de tours de chant par Tazou, qui donne dans le konpa et le zouk-love, et Djadel, un jeune Rodriguais qui fait du reggae et de la poésie, et qui est aussi connu pour ses tourtes, la scène a aussi donné l’occasion à une jeune habitante du village de chanter du Serge Lama. Soit son standard « Je suis malade ».C’est là toute la magie, et l’importance, du Festival Kreol. En décentralisant ses affiches, cet évènement culturel permet aussi de découvrir les talents cachés dans les coins inconnus de l’île.
La multiculturalité mauricienne se déploie aussi sur scène, avec Widaad Toomun, une musulmane dans sa robe verte «couleur chewing Hollywood », et deux flics en délire qui semblent échapper d’un sketch de l’inénarrable Christian Théodorine ! On vient assister à ces tours du rire sans tout prendre au sérieux. Juste pour prendre du bon temps, et oublier les soucis du quotidien. Quelques gouttes de rire à prendre trois fois par jour suffisent donc à guérir de toute grisaille. Mais à l’avenir, il faudra être plus exigeant avec ces comédiens. Car, « le rire est une forme de pensée », disait Paul Claudel.
Nous prenons notre pays en pleine figure grâce à des artistes qui voient l’île Maurice d’un autre regard. Personne n’est obligé de les accompagner sur les chemins du rire. Mais quand tout un village affiche de larges sourires, le Festival Kreol aura donc rempli son contrat. Qui est de faire le relais entre l’art et la raison. Ne boudons donc pas notre plaisir. Et laissons ces comédiens nous décoincer l’esprit. Quand on a ri avec eux, la fin du monde paraît bien loin. Et même les quatre Cavaliers de l’Apocalypse iraient rire derrière l’église de Rivière Noire. Tellement le rire peut surgir, même dans un lieu sacré !
Philippe Geluck, humorist and author of the comic strip ‘Le chat’, said it best: ‘Laughter is a medicine that I give to others, and that I take myself’.
Who can contradict him, especially when you see the local comedians giving their all to charm the people of Rivière Noire? In the vicinity of church of this western village, those charged with making the audience laugh were as if blessed by the gods. After all, it's never easy to make people laugh.
But here again, the greats were right. Was it not Charlie Chaplin who said that ‘laughter is the most direct way between two people’?
Miselaine Duval's team knows this path, entrusting Didier Anthony with the task of bridging the gap between the troupe and the audience. Didier may ‘borrow’ a little from Jamel Debbouze, but he still knows his way around a microphone. Distilling lines that hit the nail on the head, and sending the audience into fits of laughter. And it was as if the whole of Rivière Noire had come together for this great mass of laughter.
Berthie Prosper, a former entertainer on the hotel circuit, bears a certain resemblance to Fernandel. He was even inspired by Fernand Contandin's sketch about Félicie. But Berthie is talking about a Rita who has hair under her arms and even on other parts of her body. ‘To pe resanble Mouna’, cries Berthie. But since humans are descended from monkeys, the humour is even more ‘vicious’ when the comedian talks about this Rita to the tune of a Frédéric François hit!
So, on this comedian's prescription, the audience takes this medicine wholeheartedly. Berthy Prosper has the roundness of a Raymond Devos, and he has to cultivate this appearance and add the intellectual verve of the late comedian. Berthy is, in any case, a ‘heavyweight’ of Mauritian humour. With his kilos of flesh showing on stage!
Didier Anthony, for his part, had the audience discovering this quote from Victor Borge: ‘Laughter is the shortest distance between people’, and with his glibness, he wandered into the audience, and Rivière Noire was writhing in laughter. These comedians, including Mamie Kloun, who wears a dress and kerchief on her head, unfortunately don't emphasise the old woman character enough. But through their sketches, Berthie Prosper and Mamie Kloun also fight prejudice through laughter, by laughing at their fatness and turning Seniors into intellectuals.
Interspersed with vocal turns by Tazou, who does konpa and zouk-love, and Djadel, a young man from Rodrigues who does reggae and poetry, and is also known for his pies, the stage also gave a young resident of the village the opportunity to sing Serge Lama. That's the magic, and the importance, of the Kreol Festival. By decentralising its line-ups, this cultural event is also an opportunity to discover talent hidden away in unknown corners of the island.
Mauritian multiculturalism is also on display on stage, with Widaad Toomun, a Muslim woman in a green dress the colour of chewing Hollywood, and two cops in a frenzy who seem to have escaped from a sketch by the inimitable Christian Théodorine! People come to see these laughter tours without taking everything so seriously. Just to have a good time, and forget the worries of everyday life. A few drops of laughter taken three times a day are enough to cure you of any dullness. But in the future, you'll have to be more demanding with these comedians. Because ‘laughter is a form of thought’, said Paul Claudel.
We are taking our country in our stride thanks to artists who see Mauritius in a different light. No one is obliged to accompany them on their journey of laughter. But when the whole village is smiling broadly, the Kreol Festival has fulfilled its contract. Which is to bridge the gap between art and reason. So let's not deny ourselves the pleasure. And let these comedians take the edge off. Once you've laughed with them, the end of the world seems a long way off. And even the Four Horsemen of the Apocalypse would laugh behind the church in Rivière Noire. So much laughter can arise, even in a sacred place!