Après Le Morne et Trou d’Eau Douce, Festival Kreol continuait donc à se draper dans ses atours de cocotiers. Pour amener un nouveau public à sa table. Mais il faut expréssément parler de cuisine, et non de gastronomie. Voire même de cuisine populaire. Car, ce qui était proposé pour la bouche est le reflet exact de cette créolité et de ce mauricianisme.
La cuisine mauricienne est à l’image de son peuple : Diverse, colorée et épicée. Soit les trois ingrédients qui font une bonne conversation, et met l’eau à la bouche. En fait, on part à la rencontre d’un pays au travers de son art culinaire. Et ce n’est pas pour rien que Barack Obama, en visite officielle au Vietnam, avait choisi d’aller déguster une soupe populaire, que lui avait conseillé Anthony Bourdain.
D’ailleurs, tous les diplomates le savent : les accords politiques sont signés lors d’un banquet. Car, on réfléchit mieux à « lakorite », terme précieux qui n’existe qu’à Maurice, quand on a le ventre plein. C’est pour cela que ce festival culinaire populaire, qui se tenait à Grand Baie, avait toute son importance. Parce que s’y déclinait les merveilles de la cuisine populaire mauricienne. Sur cette Côte d’Azur tropical, il faut voir les touristes acheter leur bol de mine frit. Depuis le temps qu’ils arpentent cette île, ils en connaissent désormais les vrais trésors. Non pas ceux du pirate La Buse, mais ceux qui font le buzz sur les stands des marchands de quatre saisons.
Mais même s’il n’y en a que deux saisons dans cette île, été comme hiver, on est certain de ne pas mourir de faim. C’est un atout principal pour un pays à vocation touristique. D’autant plus que les touristes n’hésitent plus à venir goûter boulettes, vindaye de poisson, roti et « kari sevret », ou avec de l’étouffée de giraumon, du katkat manioc et du kebab. Le tout arrosé de jus de tamarin, d’alouda ou de ce fameux « Sirop pike » concocté par Giovanni Catherine. Soit une bonne rasade de jus de canne. Un breuvage logique, car toute Côte d’Azur doit avoir son festival de Cannes.
En somme, au lieu de grimper les marches du Palais, ce Festival culinaire invitait à faire plaisir à son palais. Et à ne pas faire la fine bouche. Car le peuple et les touristes trouvent leur bonheur dans cet achalandage de ce qui donne du ventre au Mauricien. Aujourd’hui le mot « briani » fait partie du vocabulaire créole. Tout comme les boulettes, cuites à la vapeur. Et ce qui était alors secret de cuisine des Sino-Mauriciens est maintenant solidement ancré à la langue de celui qui commande un bol de ce fabuleux menu !
Comme le dit admirablement bien l’écrivain Italien Gioachino Rossini, » la cuisine : C’est une mélodie que l’on déguste par la bouche ».Ce n’est pas pour rien que musique et cuisine marchent de pair. En face des stands, se trouvait donc le podium où défilaient les artistes qui égayaient Grand Baie. Et pendant que leurs notes montaient au ciel de ce village côtier, elles se mélangeaient avec la fumée qui flottait au- dessus des stands. Et cet étonnant mariage du son et du parfum s’apparentait sûrement aux correspondances de Charles Baudelaire.
La cuisine est un art poétique. Et il n’y a pas de meilleure façon de connaître un pays que de se laisser enivrer par les secrets de sa cuisine.
Il ne pouvait donc y avoir de Festival Kreol sans son art culinaire. Et ce rendez-vous de Grand Baie tombait à pic. Puisqu’il mettait en évidence un des piliers de la créolité et du mauricianisme. La cuisine ne déçoit jamais. Et ce n’est pas pour rien qu’elle vient en premier à l’esprit pour toute personne qui pense à la France. Sur une terre où on y mange bien, aucune Tour Eiffel ou un Arc de Triomphe, aussi séduisants que puissent être ces monuments, ne sauraient remplacer le bonheur d’être assis dans un bon restaurant pour manger.
Ce bonheur existe depuis toujours à l’île Maurice. Et en dix-neuf éditions du Festival Kreol, c’aurait été manquer de respect aux Mauriciens que de ne pas mettre leur cuisine en valeur. Parce que le premier geste de ce peuple, quand il reçoit des étrangers, c’est de les inviter à sa table. Et ce peuple se cassera en quatre pour éblouir son invité. Et cet éblouissement passe par la table. Qu’elle soit en bord de chemin, ou sous la varangue des maisons créoles. »Nou konn resevwar »,comme on dit dans cette île !
‘Everything is easier to say in a kitchen, everything is nuanced by the intention to share, an appetite made up of the very sap of things": this beautiful quotation from novelist Serge Joncour sums up the culinary festival held in Grand Baie, alongside the concert on the beach on Sunday 15 December.
After Le Morne and Trou d'Eau Douce, Festival Kreol continued to drape itself in its coconut attire. To bring a new audience to the table. But we have to talk about cuisine, not gastronomy. Or even popular cuisine. Because what was on offer for the palate is the exact reflection of this Creolité and this Mauricianism.
Mauritian cuisine is a reflection of its people: diverse, colourful and spicy. In other words, the three ingredients that make for good conversation, and make your mouth water. In fact, the culinary arts are the best way to discover a country. It's not for nothing that Barack Obama, on an official visit to Vietnam, chose to sample a soup kitchen, on the advice of Anthony Bourdain.
As all diplomats know, political agreements are signed at a banquet. After all, ‘lakorite’ - a precious term that exists only in Mauritius - is best thought of on a full stomach. That's why this popular culinary festival, held in Grand Baie, was so important. Because it showcased the wonders of popular Mauritian cuisine. On this tropical Côte d'Azur, you should see the tourists buying their bowl of fried mine. In all the time they've been plying this island, they've come to know its real treasures. Not those of the pirate La Buse, but those that are the buzz on the stalls of the four-season merchants.
But even though there are only two seasons on this island, summer and winter, you can be sure of not starving. This is a major advantage for a country with a tourist industry. Especially as tourists no longer hesitate to come and try meatballs, fish vindaye, roti and ‘kari sevret’, or with giraumon etouffee, manioc katkat and kebab. All washed down with tamarind juice, alouda or the famous ‘Sirop pike’ concocted by Giovanni Catherine. In other words, a good glassful of cane juice. A logical beverage, since every Côte d'Azur must have its Cannes festival.
In short, instead of climbing the steps of the Palais, this Culinary Festival was an invitation to please your palate. And not to be picky. After all, both locals and tourists are delighted by the abundance of food that gives Mauritians their bellies. Today, the word ‘briani’ is part of the Creole vocabulary. Just like steamed dumplings. And what was once a secret of the Sino-Mauritian kitchen is now firmly anchored in the language of those who order a bowl of this fabulous menu!
As the Italian writer Gioachino Rossini so admirably put it, ‘cooking is a melody that you savour through your mouth’, and it's not for nothing that music and cooking go hand in hand. Opposite the stalls was the podium where the artists who enlivened Grand Baie were paraded. And as their notes rose to the skies of this coastal village, they mingled with the smoke wafting over the stands. And this astonishing marriage of sound and fragrance was surely akin to Charles Baudelaire's correspondences.
Cooking is a poetic art. And there's no better way to get to know a country than to be intoxicated by the secrets of its cuisine.
So there could be no Kreol Festival without its culinary arts. And this event in Grand Baie came just at the right time. Because it highlighted one of the pillars of Creole and Mauritian culture. Cuisine never disappoints. And it's not for nothing that it comes first to mind for anyone who thinks of France. In a land where people eat well, no Eiffel Tower or Arc de Triomphe, however seductive these monuments may be, can replace the joy of sitting down to eat in a good restaurant.
This pleasure has always existed in Mauritius. And in nineteen editions of the Kreol Festival, it would have been a lack of respect for Mauritians not to showcase their cuisine. Because the first thing these people do when they receive foreigners is to invite them to their table. And these people will go out of their way to dazzle their guests. And that dazzle comes through the table. Nou konn resevwar’, as we say on this island!