EuroNews écrit : Les vacances d'été classiques en Méditerranée ont-elles un avenir ?
L'industrie du tourisme, qui contribue de manière significative au produit intérieur brut de l'Europe, pourrait être bouleversée par le changement climatique. En juillet, des milliers de réservations ont été annulées à Rhodes à la suite d'incendies de forêt. Sur l'île italienne de Sicile, les incendies ont été beaucoup moins étendus et n'ont pas touché beaucoup de touristes. Mais la crainte d'une recrudescence des incendies a néanmoins pesé sur le nombre de réservations. L'Italie et la Grèce font partie des pays de l'UE dont l'économie est particulièrement dépendante du tourisme.
Une étude de la Commission européenne a mis en évidence un net clivage nord-sud de la demande touristique en Europe. Mais quelle est la situation dans son ensemble ?
"Pas de déclin, mais du changement
Jean-Pierre Mas, président de l'association française des agences de voyage Entreprises de Voyage, n'est pas de cet avis : "Il n'y aura pas de déclin spectaculaire. Il s'agit plutôt d'un changement progressif. D'une part, les Français, qui ont beaucoup souffert de la chaleur cet été, vont essayer de trouver des destinations un peu moins chaudes, c'est-à-dire moins vers le sud et un peu plus vers le nord, que ce soit le nord de la France, mais aussi le nord de l'Europe, c'est-à-dire des destinations où il fait moins chaud en juillet et en août.
L'île Maurice, par exemple, est aujourd'hui la neuvième destination estivale des Français, alors que l'île Maurice connaît l'hiver en juillet et en août. Cela ne signifie pas pour autant que le tourisme va s'effondrer dans des pays comme la Grèce, l'Espagne et l'Italie. La saison ne se limitera pas à juillet et août. Elle s'étendra au printemps et à l'automne".
L'Europe reste la région la plus visitée au monde, selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). En 2020, le continent a généré 41 % des recettes touristiques mondiales et enregistré 51 % des arrivées internationales, soit l'équivalent de 582 millions de touristes.
Comment un ministre allemand a suscité la controverse avec un tweet de vacances
Un tweet du ministre allemand de la santé, Karl Lauterbach, alors qu'il était en vacances en Toscane en juillet, a fait des vagues en Italie.
"La vague de chaleur est spectaculaire ici", a écrit M. Lauterbach. "Si cela continue ainsi, ces destinations de vacances n'auront pas d'avenir à long terme. Le changement climatique détruit le sud de l'Europe. Une époque s'achève".
Pas de changement brutal du sud vers le nord
Néanmoins, les vacanciers européens commencent progressivement à changer d'avis, très lentement mais de manière perceptible, affirme Jean-Pierre Mas. "Cet été, les destinations choisies [par les Français] sont d'abord la Grèce, ensuite l'Espagne et enfin la Tunisie, donc les trois pays les plus chauds, et les Antilles.
Oui, il y a eu une augmentation du nombre de visiteurs en Scandinavie, par exemple, et une augmentation du nombre de visiteurs dans les Hauts de France, la partie nord de la France, ou en Alsace pour le tourisme francophone. Mais on ne peut pas dire qu'il y ait eu un mouvement de retour du sud vers le nord. Ce mouvement sera progressif et ne se fera pas d'un seul coup, il n'y aura pas de processus brutal. Mais les professionnels du tourisme de pays comme l'Espagne, la Grèce et la Tunisie doivent se préparer à ce que le nombre de visiteurs soit plus faible en juillet ou en août et certainement plus élevé en juin et en septembre à l'avenir.