Cette manifestation s'inscrit dans un retour en grâce de l'artiste sur sa terre natale, après l'exposition mémorable organisée par Allied Motors à Réduit en 2011. L'occasion nous est donnée de retracer l'impressionnante carrière internationale de ce peintre-poète au parcours singulier, génie protéiforme longtemps considéré comme inclassable par ses contemporains.
C'est à Paris que débute véritablement sa reconnaissance artistique, à la Galerie Charpentier en novembre 1961. Sous l'égide bienveillante de l'académicien Jacques de Lacretelle, trente gouaches et quatorze huiles sont présentées au public parisien, avant un probable prolongement new-yorkais l'année suivante – quoique les archives demeurent évasives sur cette extension américaine.
L'Angleterre lui ouvre ensuite ses portes. En 1967, le Mercury Gallery de Londres l'accueille à deux reprises : une exposition personnelle en janvier-février, où trente-sept œuvres sur quarante-sept trouvent acquéreur, puis une participation à l'exposition collective estivale avec six gouaches. Deux ans plus tard, en 1969, cette même galerie londonienne l'honorera à nouveau de sa confiance.
Entre-temps, Chazal aura conquis Grenoble (Galerie Le Parti, avril-mai 1968) et San Francisco (Pomery Gallery, mai 1969). L'Italie suit avec l'exposition romaine à la Galeria San Sebastianello en 1972, avant que ses œuvres ne voyagent vers Saint-Jean-de-Luz à la Galerie 37, en hommage au regretté Alain Desmarais.
L'année 1973 marque un tournant avec la création des célèbres tapisseries-fées par la maison SPES. Ces créations, ainsi que ses tableaux, sont successivement exposés à La Réunion puis à Dakar. Au Musée dynamique de la capitale sénégalaise, Léopold Sédar Senghor, admirateur fervent, prononce ces mots révélateurs : « Chazal est, malgré son sang et les apparences, l'un des peintres africains les plus authentiques. À ce titre, il est exemplaire. »
L'ironie du destin veut que ce peintre, organisateur de vingt expositions sur son île natale entre 1958 et 1974, ait écrit avec amertume dans Le Mauricien : « La vie mauricienne ne permet pas l'expression d'originalité. Le public bien-pensant s'y refuse. Et c'est dur d'affronter une opposition irréductible. Parce que Malcolm de Chazal était fou, on allait voir la peinture d'un fou. C'était amusant, comme une partie de plaisir. »
Plus récemment, La Réunion lui rendait hommage en 2017-2018 par une exposition jumelée avec le peintre réunionnais Labor, présentant vingt-six dessins et trente-quatre tableaux, accompagnés d'un riche programme pédagogique.
L'exposition actuelle au Blue Penny Museum constitue donc un nouveau jalon dans la redécouverte de cet artiste visionnaire. Une occasion unique de s'immerger dans un univers où la lumière tropicale se fait matière spirituelle, où l'exubérance des formes transcende l'ordinaire pour atteindre l'universel. Un rendez-vous que ne sauraient manquer les amateurs d'art, de littérature, ou simplement de rêves en couleur.